26/11/2018 – Muriel ou le temps d’un retour

Muriel ou le temps d’un retour – France – 1963 – 1 h. 57 – Couleurs

Hélène, antiquaire à domicile à Boulogne-sur-Mer, vit avec son beau-fils Bernard rentré tout juste d’Algérie. Elle se prépare à recevoir Alphonse, son premier amant, qu’elle n’a pas vu depuis longtemps ; il arrive accompagné de Françoise, jeune actrice présentée comme sa nièce. Pendant quinze jours, ces personnages, auxquels se joindront Rolland, Claudie, Ernest, Marie-Do, Robert et même Muriel, qu’on ne verra pourtant jamais, vont tout faire pour nous dire qu’un avenir serait possible en dépit d’un présent annihilant et d’un passé que les souvenirs déforment.

Le voyage ici, ne semble que potentiel. On voudrait, on est capable, mais ne peut pas. Tout simplement. Alors, on ne tient pas en place. Tout geste, tout mouvement est souvent suivi du geste ou du mouvement contraire. On a des souvenirs, mais pas de mémoire. Les vêtements que portent les personnages – et oui, le costume aussi fait partie de la mise en scène ! – semblent ne pas leur correspondre, être inadéquats, anachroniques, leur peser. Seul Alphonse parait à l’aise, porté qu’il est par ces phrases toutes faites, ce conformisme social, cet entregent convenu.
La dernière scène, alors que jusque-là le film nous présentait essentiellement des plans fixes et courts (il en comporte mille, un film « normal » environ cinq cents) est un long, lent et fluide mouvement de caméra accompagnant un personnage en quête, dans un appartement vide. Resnais a fait le tour.

Maurice Roméjon

Réalisation :Alain Resnais
Scénario :Jean Cayrol
Photographie :Sacha Vierny
Montage :Kenout Peltier
Musique :Hans Werner Henze, chants interprétés par Rita Streich
Décors :Jacques Saulnier
Production :Philippe Dussart, Anatole Dauman (Argos)
Interprètes :Delphine Seyrig, Jean-Pierre Kerien, Nita Klein, Jean-Baptiste Thierrée, Jean Dasté