Alice dans les villes (Alice in den Städten) – RFA – 1974 – 1 h. 50 – NB
Revenu d’une traversée des États-Unis en voiture, Phil Winter, journaliste allemand, revient à New York. Censé écrire un texte sur les paysages américains, il déteste leur monotonie et préfère réaliser de nombreuses photographies. Décidé ensuite à rentrer au pays, il est bloqué dans un aéroport en grève, où il fait la rencontre d’une jeune femme et de sa fille Alice. Dans l’attente du prochain vol, ils s’installent tous les trois dans un hôtel mais au matin, la mère d’Alice a disparu en confiant sa fille au jeune journaliste.
C’est dans une atmosphère entre rêve et réalité que Phil part à la recherche d’une figure maternelle pour Alice. Cette dernière, contrairement à l’héroïne homonyme de Lewis Carroll, a quitté le Pays des merveilles hollywoodien pour rejoindre le lieu symbolique de la Modernité, les villes, et pour y rester en errance.
Parallèlement, le héros du film traverse une crise existentielle et seule la photographie de ce qu’il croise lui permet de donner un sens à son existence, même si « [elle] ne [montre] jamais ce qu’on a vu ». Alors, il accumule les Polaroïd où d’abord vide, l’image advient après quelques secondes. C’est là le cinéma qui anime Wim Wenders : celui qui s’éloigne du grand cinéma américain après s’en être nourri. En ce sens, l’article de journal sur la mort de John Ford présenté à la fin du film constitue à la fois un hommage au maître et un désir de rupture.
Avec une volonté de renouveau, le film remet en question ce qui éloignerait l’artiste du libre exercice de son art : la narration linéaire, la contrainte de la commande, ainsi que les media comme les téléviseurs et postes de radio. Et comme le héros du film en route vers l’Est depuis les États-Unis, Wim Wenders chemine vers son propre cinéma.
Paul Lhiabastres
| Réalisation : | Wim Wenders |
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| Scénario : | W. Wenders et Veith von Fürstenberg |
| Photographie : | Robby Müller |
| Montage : | Peter Przygodda |
| Musique : | Can, Chuck Berry, Deep Purple, Gustav Mahler |
| Production : | Peter Genée |
| Interprètes : | Rüdiger Vogler, Yella Rottländer, Lisa Kreuzer, Edda Köchl, Didi Petrikat, Hans Hirschmüller |