05/03/2014 – Chasse tragique

CHASSE TRAGIQUE – Italie – 1947 – 1 h. 25 – NB

À la fin de la guerre un camion sur lequel voyagent Michele et Giovanna, à peine mariés, et le comptable d’une coopérative agricole chargé de transporter quatre millions de lires, est attaqué par des bandits qui tuent le conducteur et le comptable, s’emparent de l’argent et prennent Giovanna en otage. Mis au courant, de ce qui est pour eux une tragédie, les paysans de la coopérative se joignent à la police pour traquer les malfaiteurs.

Réalisé avant Riz amer (1949), Chasse tragique est le premier film de Giuseppe De Santis. Il s’agit d’un véritable manifeste de sa poétique. Partant de la « logique d’un cinéma d’intervention politique directe et immédiate sur la réalité nationale », le jeune réalisateur retient la leçon des Soviétiques dans la mise en scène de l’univers paysan ici dévasté par la guerre, avec des résultats d’une grande efficacité. Il s’est nourri, de surcroit, du cinéma hollywoodien, qu’il connaissait également très bien, pour décrire l’univers baroque d’une Italie en pleine reconstruction avec ses paysans, ses bandits, ses voyous, ses soldats au retour de la guerre… Ce film, d’une grande beauté plastique, possède un souffle épique peuplé des mythes de la terre et de la justice populaire.

Ce film est une merveille de « concision narrative hollywoodienne et d’un lyrisme tout italien. Il propose, pour la première fois, une des recettes les plus efficaces du futur grand cinéma italien. Il suffit de penser au moins à deux chefs-d’oeuvre postérieurs comme Salvatore Giuliano (Rosi, 1961) et Novecento (Bertolucci, 1976) pour certaines scènes de masse : le femmes sur la place de Montelepre et les paysans envahissant les berges du Pô qui semblent rappeler et citer Chasse tragique. » (Giuseppe Rausa)

Jean-Claude Mirabella