Les Raisins de la colère (The Grapes of Wrath) – USA – 1940 – 2 h. 09 – NB
Oscar du meilleur réalisateur pour John Ford, oscar du meilleure second rôle féminin pour Jane Darwell – 13e cérémonie des oscars, 1941.
Tom Joad rentre à la ferme familiale après avoir purgé une peine de quatre ans pour homicide involontaire. Sa famille est chassée de son exploitation, comme beaucoup d’agriculteurs américains contraints pendant la Grande Dépression de quitter leurs terres natales, victimes de la sécheresse du Dust Bowl qui a rendu les terres incultivables, et victimes des expropriations par les grandes compagnies agricoles, sur la voie de la mécanisation. Ensemble, ils partent pour un périple éprouvant à travers le pays dans l’espoir de trouver du travail en Californie. Ils survivent de camps de réfugiés en bidonvilles de fortune…
Inspiré par le roman de John Steinbeck, John Ford retrace l’exode de la famille Joad, embarqué sur un camion de fortune. À sa sortie du pénitencier, Tom Joad arrive dans un monde qu’il ne comprend plus et dont il va découvrir au long de son voyage les réalités et les injustices. D’abord victime de la voracité des banques et des grands propriétaires terriens, il découvre la peur et la haine de l’étranger, du réfugié qui a quitté sa terre natale par nécessité. Il découvre aussi la violence des policiers et des miliciens, la haine du socialisme et du communisme. Et surtout, il voit la misère…
La famille Joad parcourt des kilomètres mais le cheminement du film est celui de la conscience de Tom, qui développe une réflexion sur la société. L’aboutissement en est la tirade politique et prophétique qu’il délivre à la fin du film, véritable message d’engagement qui fait écho à une phrase importante du roman : « Dans l’âme des gens, les raisins de la colère se gonflent et mûrissent, annonçant les vendanges prochaines. »
Plus largement, John Ford rappelle l’importance du mouvement, du voyage dans l’Histoire des États-Unis, cet immense territoire conquis par progression. Ford reprend le mythe américain de la marche vers l’Ouest en quête de prospérité, pour mieux le déconstruire en filmant la désillusion que les personnages y trouvent. À travers plusieurs symboles, le Rêve américain est omniprésent, mais les promesses de prospérité ne sont jamais réalisées.
À partir du roman de John Steinbeck, John Ford livre non seulement un témoignage de l’histoire des paysans américains condamnés à l’exode rural, mais aussi une poignante réflexion politique sur la société capitaliste américaine, comble selon lui de l’injustice.
Paul Lhiabastres
Réalisation : | John Ford |
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Scénario : | Nunnaly Johnson, d’après le roman de John Steinbeck |
Photographie : | Gregg Toland |
Montage : | Robert Simpson |
Musique : | Alfred Newman |
Décors : | Robert Day |
Production : | Darryl F. Zanuck (20th Century Fox) |
Interprètes : | Henry Fonda, Jane Darwell, John Carradine, Charley Grapewin |