Le Cuirassé Potemkine (Bronenossets « Potiomkine ») – URSS – 1925 – 1 h. 20 – NB
En juin 1905, alors que la Russie entière connaît une situation révolutionnaire, le mécontentement de l’équipage du cuirassé Potemkine, à qui est servi pour repas une viande avariée, tourne à la mutinerie sous l’impulsion de deux marins militants. Devant la colère croissante de l’équipage, le commandant fait appeler la garde pour faire fusiller les marins révoltés. Interpellée par les mutins, les soldats désobéissent et les matelots prennent le contrôle du navire, qui fait alors route vers Odessa où la grève est générale…
Second film d’Eisenstein, après La Grève en 1924, Le Cuirassé Potemkine est son film le plus célèbre et l’un des plus admiré du cinéma mondial ; cela à plus d’un titre.
Dans le bouillonnement culturel des années 20, la Russie a choisi, sous l’impulsion de Lénine, le cinéma comme vecteur artistique et politique d’une nouvelle identité pensée au sein de mouvements d’avant-garde.
L’un d’eux, le Proletkult, cherche dans le théâtre puis le cinéma tant à inventer un art du peuple unifié qu’à éduquer les masses prolétariennes. Analysant Intolérance de Griffith (1916) et informé des théories de Kouznetsov et des conceptions cinématographiques de Dziga Vertov, Eisenstein conçoit alors la clé de son esthétique : le montage.
Au-delà de la construction narrative et de la fabrication de l’action par le raccord mouvement, les liens entre les plans peuvent dire quelque chose des intentions et des forces d’une foule. Par l’accélération, la saccade, l’opposition, le choc, l’inversion … le réalisateur invente un mouvement qui dépasse l’action pour donner à voir la profondeur de l’événement.
Dans cet opus dont le personnage principal est un navire, même les lions de pierre renoncent à l’immobilité et rugissent.
Marie-Laurence Marais
| Réalisation : | Sergueï Eisenstein |
|---|---|
| Scénario : | Nina Agadzhanova, Nikolaï Asseïev et Sergueï Eisenstein |
| Musique : | Edmund Meisel, Dmitri Chostakovitch, Nikolaï Krioukov |
| Photographie : | Edouard Tissé, Vladimir Popov |
| Montage : | Grigori Aleksandrov, Sergueï Eisenstein |
| Décors : | Vassili Rakhals |
| Production : | Goskino (Moscou) |
| Interprètes : | Grigori Alexandrov, Alexandre Antonov, Vladimir Barsky, Ivan Bobrov, Julia Eisenstein, Sergueï Eisenstein |