01/03/2007 – Pickpocket

Pickpocket – France – 1959 – 1 h. 15 – NB

L’itinéraire de Michel, jeune homme solitaire, fasciné par le vol, qu’il élève au niveau d’un art,persuadé que certains êtres d’élite auraient le droit d’échapper aux lois, Michel devient pickpocket. Malgré un commissaire qui le surveille et Jeanne qui l’aime, il ne peut s’empêcher de voler. Michel est un jeune homme solitaire qui, pour ‘dominer le monde’ comme il le dit lui-même, vole, un jour, sur un champ de courses, le sac à main d’une femme. Il est épinglé par la police, mais il a vaincu sa peur. Rapidement relâché, il ne va plus vivre désormais que pour le vol à la tire, fasciné par l’idée que, dans certains cas, ‘des hommes capables, indispensables à la société’ seraient ‘libres d’échapper aux lois’.

Robert Bresson n’a jamais fait l’unanimité auprès de la critique et encore moins auprès du grand public. Son style dépouillé était souvent assimilé à une écriture janséniste qui était censée étouffer les véritables émotions véhiculées par le cinéma. Force est de constater que des années après, le réalisateur est devenu l’un des maîtres du cinéma mondial aux yeux de la plupart des cinéphiles qui voient en lui un véritable auteur à l‘écriture éclairée.
Transposition voilée de Crime et châtiment de Dostoïevski (l’assassin chez l’écrivain russe devenant ici un pickpocket), le film raconte la manière dont un jeune homme transi d’orgueil se convainc d’être supérieur à la société des hommes en commettant des actes qui sont punis par elle. Mais, comme chez Dostoïevski, après avoir atteint le fond de son abîme de suffisance et de solitude, il sera finalement touché et sauvé par la grâce, incarnée sous les traits d’une jeune fille qui constitue la beauté et la pureté même. Pickpocket constitue une merveilleuse illustration de l’art du cinématographe tel que Bresson le concevait. Il est tout à la fois profondément émouvant et d’une sobriété, d’une pudeur, voire d’une austérité, extraordinaires.

Réalisation :Robert Bresson
Scénario :Robert Bresson
Photographie :Léonce-Henry Burel
Musique :Jean-Baptiste Lulli
Montage :Raymond Lamy
Interprètes :Martin Lasalle, Marika Green, Pierre Leymarie, Jean Pélegri, Kassagi, Pierre Etaix