Satyricon – Italie – 1969 – 2 h. 18 – Couleurs
Satyricon présente une société romaine en pleine décadence, où orgies et autres festins sont courants, la morale y étant absente. Loin des reconstitutions historiques et autres péplums, Federico Fellini nous raconte les pérégrinations de deux jeunes parasites de l’époque néronienne, Encolpe et Ascylte. Ces derniers se disputent les faveurs de Giton, leur jeune esclave. Cette trame permet à Fellini de nous donner à voir ses fantasmes, de filmer à la fois l’extrême beauté et l’infinie laideur avec une fascination certaine pour cette dernière.
La principale singularité de Fellini réside dans en un pouvoir exceptionnel qui parvient à réduire sans cesse la distance obligatoire séparant l’œuvre créée (livrée en spectacle) de l’impulsion créatrice dont elle est née. […]
Or, chez Fellini, en particulier face au Satyricon, nous nous trouvons en présence d’un cinéma en liberté parce que nous sommes conviés à voir l’imagination de l’auteur prenant sa forme, presque sans intermédiaires apparents, dans une explosion délirante qui investit chaque plan avec la superbe violence de la spontanéité. Bien entendu, cette suite de cauchemars, d’une richesse extravagante, obéit à un ordre préalablement composé par le cinéaste,mais l’architecture de l’ensemble, aussi bien que la fonction du moindre détail, est conçue pour prendre l’irrationnel au piège baroque, la beauté se déploie et engendre, d’une figure à l’autre, d’imprévisibles surgeons d’où naissent les floraisons fantastiques rejoignant directement à sa source le subconscient de l’auteur.
Freddy Buache, Le cinéma italien,
Editions L’Age d’Homme.
Réalisation : | Federico Fellini |
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Scénario : | Giuseppe Rotunno |
Photographie : | Giuseppe Rotunno |
Musique : | Nino Rota |
Montage : | Ruggero Mastroianni |
Interprètes : | Martin Potter, Hiram Keller, Max Born, Salvo Randone , Mario Romagnoli, Magali Noël, Alain Cuny |