01/11/2009 – Le fanfaron

Le fanfaron – Italie – 1962 – 1 h. 45 – NB

Un quinze août à midi, Bruno doit téléphoner, mais tout est fermé. Voyant un jeune homme à sa fenêtre, il lui demande d’utiliser son téléphone. Celui-ci, Roberto, accepte. Bruno l’amène dans son Aurelia sport pour le remercier. Ils prennent l’apéritif à quelques kilomètres de là. Puis au gré de son inspiration, Bruno fait connaître à  Roberto, étudiant en droit studieux, timide et complexé, deux jours de randonnées trépidantes, de Rome à  Viareggio…

Le personnage principal, c’est la Lancia blanche, fusée scintillante et klaxonnante lancée à toute allure sur les routes d’Italie, symbole d’allégresse, de puissance et de danger. Le soleil en pagaille, l’insouciance insolente de la  « dolce vita », la dépense sous toutes ses formes : tout cela est trop beau pour être vrai, ou du moins pour durer.  Gassman, hâbleur géant et vibrionnant, flambeur superficiel mais très séduisant, emballe le pauvre Trintignant,  parfait en étudiant coincé, englué dans un certain conformisme. D’une légèreté exaltante, la virée prend peu à peu une tournure grinçante. Exaspéré puis grisé, Roberto se laisse prendre au jeu d’un homme construit sur du vide. Héritage du néoréalisme en même temps qu’annonce de la comédie à l’italienne, cette étude de caractères télescope des destins avec une acuité indémodable. Sa force est de conjuguer frivolité et malaise, d’imprégner la  pleine lumière de noirceur. Le pire étant qu’il est difficile de résister à la folle et amorale énergie de Bruno…

Jacques Morice – TELERAMA

Réalisation :Dino Risi
Scénario :Dino Risi, Ettore Scola, Ruggero Maccari
Photographie :Alfio Contini
Musique :Riz Ortolani
Montage :Maurizio Lucidi
Interprètes :Vittorio Gassman, Jean-Louis Trintignant, Catherine Spaak, Claudio Gora, Linda Sini, Corrado Olmi, Luciana Angiolillo