Zelig – USA – 1983 – 1 h. 20 – NB
Leonard Zelig est en apparence un homme tout à fait quelconque, mais bientôt l’Amérique des années vingt va littéralement se passionner pour lui : on constate en effet que ce petit homme banal a en fait tendance, par des facultés chimiques totalement inexplicables, à se transformer à l’image des êtres qu’il côtoie…
Le plus gros travail sur Zelig, on s’en doute, aura donc été d’associer les nouvelles images avec les anciennes, opérant ainsi la même métamorphose physique que le héros. Sur l’écran, les « fausses » images contaminent celles a priori irréfutables des actualités des années 20 exhumées par Woody Allen. De ce mariage contre-nature est née une parfaite symbiose entre le fond et la forme. La technique rendue ainsi visible par le jeu du détournement devient la raison d’être de l’entreprise. Car, si Woody Allen nous trompe ouvertement, il n’entend pas nous faire croire à ses mensonges, mais « simplement » à nous amuser.
Il est intéressant de constater que l’un des films les plus drôles de son auteur ait été tourné en même temps que sa Comédie érotique d’une nuit d’été qui amorçait sa période bergmanienne, donc plus sérieuse. « D’un point de vue physique, explique le cinéaste, pas de problème ! Gordon Willis et moi, on se levait, on écartait les caméras de Comédie érotique d’une nuit d’été, on prenait les vieilles caméras avec les vieux objectifs, et on faisait les plans de Zelig. Mais mentalement, il m’était difficile de quitter un film pour entrer dans l’autre. »
Thomas Baurez – L’Express Mars 2012
Réalisation : | Woody Allen |
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Scénario : | Woody Allen |
Musique : | Dick Hyman |
Photographie : | Gordon Willis |
Montage : | Susan E. Morse |
Production : | Robert Greenhut |
Interprètes : | Woody Allen, Mia Farrow, John Buckwalter et Susan Sontag. Irving Howe, Saul Bellow, Bruno Bettelheim dans leurs propres rôles |