04/01/2018 – Kagemusha, l’Ombre du guerrier

Kagemusha, l’Ombre du guerrier – Japon – 1980 – 2 h. 40 – Couleurs

Nobukado Takeda présente à son frère Shingen (chef du clan Takeda en guerre contre d’autres clans pour la suprématie totale du Japon à la fin du XVI° siècle) un infâme et rustre brigand qu’il a sauvé du crucifiement car il est le sosie parfait de Shingen. Il pourra lui être substitué, dans les scènes publiques, aussi bien au sein même du clan Takeda que face à l’ennemi. Réticent d’abord, puis pris au jeu, le brigand joue son rôle avec plus au moins de réussite.

Le mensonge (i.e. le secret) est sans aucun doute le moyen le plus sûr de la réussite en politique. Et peut-être aussi de la vie militaire. À partir du moment que les visées sont claires, tous les moyens se trouvent alors justifiés. La visée ainsi que son objectif (i.e l’objet) sont d’ailleurs prépondérants dans deux scènes capitales au début du film. Usant les deux fois du surcadrage, non pas quadrangulaire comme cela se fait le plus souvent, mais triangulaire dans la première de ces deux scènes, puis totalement informe (à travers les ruines d‘une bâtisse délabrée) dans la seconde, Kurosawa nous dévoile deux secrets essentiels : l’art de la juste visée et l’impossible objectivité du regard. Il signe ici un film d‘une somptuosité de plus en plus inouïe à mesure que l‘on approche du dénouement et, ce qui ne gâche rien, burlesque par moments pour ne pas dire complètement loufoque.

Maurice Roméjon

Réalisation :Akira Kurosawa
Scénario :Akira Kurosawa, Masato Ide
Musique :Shinichiro Ikebe
Photographie :Takao Saito, Masaharu Ueda
Montage :Akira Kurosawa et Yoshihiro Iwatani
Production :Akira Kurosawa
Interprètes :Tatsuya Nakadai, Tsutomu Yamazaki, Hideji Otaki, Takashi Shimura