Senso, Italie, 1954, 1H57
A la Fenice, opéra de Venise, en 1866, durant la représentation du Trouvère, un patriote, le comte Ussoni défie au duel le lieutenant autrichien Franz Mahler qui insulte les Italiens. La comtesse Livia Serpieri, qui a elle aussi des sentiments anti Autrichiens, approche Mahler pour intercéder en faveur de son cousin Ussoni, Elle s’en éprend à la folie au point de lui remettre l’argent destiné aux patriotes italiens. Mais, dans ces cas-là, la vengeance ne peut qu’arriver…
Avec Senso, son quatrième long métrage, Visconti tourne radicalement le dos au néo-réalisme et met en scène ce qu’il connaît le mieux, c’est-à-dire son monde, l’aristocratie. Il fait d’une courte nouvelle de Boito une œuvre somptueuse dans laquelle il photographie de manière magistrale l’Italie entre Romantisme et « Risorgimento », à travers la musique classique, le mélodrame, la passion, la peinture et la couleur.
L’Histoire se développe dans un entrelacement où la portée visuelle, le jeu expressif des couleurs, les costumes, les intérieurs, les extérieurs, les moments intimes des amoureux sont une suite de séquences picturales qui transforment un récit initialement modeste en un chef d’œuvre. Le film entier est d’une beauté figurative exceptionnelle.
Dans Senso, Visconti a réussi à concilier une vision critique de l’Histoire avec sa passion pour le mélodrame ; le sens de la réalité avec le goût pour ce qui se situe à la frontière entre la vie et le théâtre. Tous les éléments constitutifs du film vont, de façon prodigieuse, dans la direction de cet engagement.
« Verdi et le mélodrame italien ont été mon premier amour. Mon œuvre exhale presque toujours quelque puanteur de mélodrame, soit dans mes films qui dans mes mises en scène théâtrales. Cela m’a été reproché, mais pour moi c’est plutôt un compliment. » (Luchino Visconti)
Jean-Claude Mirabella
Réalisation : | Luchino Visconti |
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Scénario : | Luchino Visconti et Suso Cecchi D’Amico avec la collaboration de Carlo Alianello, Giorgio Bassani Giorgio Prosperi d’après une nouvelle de Camillo Boito |
Musique : | Anton Bruckner, Giuseppe Verdi |
Photographie : | G. R. Aldo, Robert Kramer |
Montage : | Mario Serandrei |
Production : | Renato Gualino pour la Lux Film |
Interprètes : | Alida Valli, Farley Granger, Heinz Moog, Rina Morelli, Massimo Girotti |