La Terre tremble (La terra trema) – Italie – 1948 – 2 h. 37 – NB
Aci Trezza, Sicile. Parmi les habitants du village, maçons, pêcheurs ou autres prolétaires, la famille Valastro, pêcheurs. Le fils aîné ‘Ntoni tente vainement de se révolter contre l’exploitation des pêcheurs par les revendeurs ; sa soeur Lucia épouse un employé des finances tandis qu’une autre soeur, Mara, ne parvient pas à épouser l’homme qu’elle aime. Enfin Cola, un autre frère, est tenté par la contrebande. Bref, tous n’aspirent qu’à une seule chose : changer leur condition. Et tout restera comme avant.
Avant Rocco et ses frères, avant Ludwig, Sandra ou Le Crépuscule des dieux, Visconti, pour la première fois dans sa carrière aborde la saga familiale ; avant Le Guépard (autre saga familiale), il aborde la Sicile ; déjà, comme il fera plus tard dans Senso ou dans Le Guépard, pour ne citer que ces deux films, il fera, ce qui lui sera souvent reproché, de « trop belles images e, comme si la pertinence du cadrage, de l’éclairage ou de la composition de l’image étaient des tares dans une œuvre d’art. Et Visconti réalisera cette symphonie d’ombres et de lumières, ce poème d’images avec un film qui reste aussi, d’abord et avant tout un document (acteurs non professionnels, décors naturels, dialecte sicilien) et une dénonciation âpre, dure et sans concession du capitalisme, puisqu’il faut l’appeler par son nom; un film qui reste aujourd’hui encore comme l’emblème magnifique du néoréalisme italien ;mais un néoréalisme matérialiste,marxiste, où la grâce divine, ou je ne sais quoi du même tonneau, n’apparaît jamais, ne sourd jamais comme cela sera souvent le cas plus tard dans d’autres films labellisés néoréalistes. Cet aristocrate de la mise en scène, ce Vincente Minnelli lombard, réalise là son Terre sans pain à lui.
Maurice Roméjon
| Réalisation : | Luchino Visconti |
|---|---|
| Scénario : | Luchino Visconti (d’après le roman Les Malavoglia de Giovanni Verga) |
| Musique : | Luchino Visconti et Willy Ferrero |
| Photographie : | G. R. Aldo |
| Montage : | Mario Serandrei |
| Production : | Salvo d’Angelo pour Universalia |
| Interprètes : | Non professionnels |