Mort d’un cycliste – Espagne-Italie – 1955 – 1 h. 28 – NB
Épouse d’un riche industriel, Maria-José est la maîtresse d’un intellectuel, professeur d’université, Juan. Au cours d’une promenade en voiture avec lui, elle percute un ouvrier à bicyclette et prend la fuite. Tandis que son amant est bouleversé par cette tragédie, elle ne fait que redouter un scandale public et s’inquiète des insinuations d’un maître chanteur, Rafá.
Les amants du film de Juan Antonio Bardem ont un terrible secret : ils sont responsables de la mort accidentelle d’un cycliste. Ce secret en dissimule un autre : la relation adultère qu’ils entretiennent secrètement. La stabilité de l’existence sociale des personnages est donc menacée, surtout celle de Maria-José, entretenue par son mari.
Pour le spectateur, ni la mort du cycliste, ni la relation adultère ne sont des secrets, toutes deux sont connues dès les premières scènes du film et c’est le personnage du maître chanteur qui menace de révéler les secrets, qui créé la tension dramatique.
Plus qu’un film psychologique ou film noir centré sur le remords et la culpabilité des personnages, Mort d’un cycliste est le portrait de la réalité sociale de l’Espagne des années 50. En effet, les personnages créés par Juan Antonio Bardem sont des allégories des classes sociales espagnoles, à l’instar de ceux du cinéma de Carlos Saura plus tard.
C’est pourquoi la réalité sociale ne fait pas que constituer l’arrière-plan de l’œuvre de Juan Antonio Bardem mais elle en est le réel sujet ; elle est l’objet du secret. En effet, si l’objet du récit est bien le secret des personnages, l’objet du secret, quant à lui, est la réalité sociale contemporaine. Celle qui, avec le risque de la censure franquiste, ne pouvait pas être l’objet du film.
Mort d’un cycliste est plus qu’un drame psychologique, il est une parabole de la société espagnole des années cinquante et un étendard de l’antifranquisme.
Paul Lhiabastres
Réalisation : | Juan Antonio Bardem |
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Scénario : | Luis Fernando de Igoa, J. A. Bardem |
Musique : | Isidoro B. Maiztegui |
Photographie : | Alfredo Fraile |
Montage : | Margarita Ochoa |
Production : | Cesáreo Gonzalez, Manuel J. Goyanes et Georges de Beauregard |
Interprètes : | Lucia Bosé, Alberto Closas, Carlos Casaravilla, Otello Toso, Bruna Corrà, Alicia Romay, Julia Delgado Caro, José Sepúlveda |