Que la bête meure – France – 1969 – 1 h. 52 – Couleurs
Une automobile fonçant à toute allure sur une petite route de Bretagne percute de plein fouet et provoque la mort d’un jeune garçon qui rentrait d’une partie de pêche, avant de prendre la fuite. Face à l’impuissance de la police – dont l’enquête s’est soldée par un échec – Charles Thenier, le père de l’enfant, décide de retrouver lui-même le chauffard afin de se venger. Devant cette injustice abominable, on ne peut de toute évidence que soutenir sa cause et ressentir de l’empathie à son égard. Le spectateur est conforté dans cette idée lorsque ce dernier, grâce à une série de hasards, retrouve enfin le meurtrier, un être abject et sans scrupules interprété magnifiquement par Jean Yanne qui joue peut-être ici l’un de ses plus beaux rôles.
Pourtant, bien qu’ayant mis la main sur l’assassin de son fils, rien n’est réglé pour autant et c’est ici que l’histoire prend une tournure singulière. Le schéma manichéen du début qui opposait le bourreau et la victime laisse place à un face à face surprenant et complexe, qui nous amène inévitablement à nous interroger sur la légitimité de cette vengeance ainsi que sur la véritable nature du mal. Le justicier est-il si différent du criminel qu’il traque ?
Claude Chabrol, passé maître dans l’art de manipuler le spectateur, parvient habilement à faire rebondir l’intrigue et à transformer ce qui n’aurait pu être qu’un simple récit de vengeance en une tragédie déroutante et éminemment poétique. Nul doute que le cinéaste signe ici l’une de ses œuvres majeures.
Nino Hérouard
Réalisation : | Claude Chabrol |
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Scénario : | Paul Gégauff et Claude Chabrol, d’après le roman « The Beast Must Die » de Nicholas Blake |
Photographie : | Jean Rabier |
Musique : | Pierre Jansen |
Montage : | Jacques Gaillard |
Production : | André Génovès – Sociétés de production : Les films de La Boétie, Rizzoli Film |
Interprètes : | Michel Duchaussoy, Caroline Cellier, Jean Yanne, Anouk Fergac, Paul Di Napoli |