09/11/2006 – Un tramway nommé désir

Un tramway nommé désir – USA – 1950 – 2 h. 2 – NB

Toujours sous le choc provoqué par la mort, déjà ancienne, de son mari, Blanche DuBois arrive à la Nouvelle-Orléans. Elle s’installe chez sa sœur Stella qui occupe avec son mari, Stanley, un logement assez pauvre et peu confortable. La jeune femme est profondément troublée par ce cadre où elle doit vivre et par la conduite peu raffinée de ceux qui l’entourent.Elle pense avoir trouvé la solution à son problème en la personne de Mitch, un ami de Stanley, qu’elle a attiré à elle et qui lui propose le mariage. Mais Stanley cherche à savoir quel a été le véritable passé de sa belle-sœur.

Avant toute chose, ce film est le triomphe de quatre comédiens, trois d’entre eux d’ailleurs seront récompensés par l’Oscar, Vivien Leigh en tant que meilleure actrice, Kim Hunter et Karl Malden comme meilleurs seconds rôles, seul Brando restera sur le carreau. Mais peu importe. Un demi-siècle plus tard, statuette ou pas, avec son tee-shirt crasseux et son charme ouvertement (et uniquement) sexuel, le personnage de l’ouvrier polonais Stanley Kowalski reste l’un des sommets du sexappeal brut de décoffrage et revoir Brando dans ce rôle où explose son magnétisme animal, permet de comprendre comment et pourquoi, d’un seul coup, il est entré dans la légende de Hollywood.
Reconnaissons toutefois qu’il était déjà en orbite après son énorme succès sur les planches de Broadway où il avait créé le rôle quatre ans plus tôt, sous la direction du même Kazan. Le film est d’ailleurs une adaptation relativement fidèle de la pièce de Tennessee Williams, Kazan réussissant ce tour de force de délester le huis clos cinématographique de toute théâtralité. Bien sûr, il y eut quelques démêlés avec la censure, les thèmes obsessionnels de Tennessee Williams – homosexualité, alcoolisme, problèmes psychologiques et frustrations en tous genres -, ne pouvaient pas, on s’en doute, faire bon ménage avec les diktats puritains du code hollywoodien ! Mais Kazan, dans l’ensemble, réussit à détourner la difficulté en suggérant plus qu’en ne montrant (quoique certaines scènes soient très réalistes) et à créer un climat sensuel violent dont le charme venimeux opère encore aujourd’hui. En même temps que nous submerge le trouble face à un thème toujours dérangeant, celui du désir si envahissant qui fait d’une femme une victime prête à tout accepter.

Réalisation :Elia Kazan
Scénario :Tennessee Williams
Photographie :Harry Stradling
Musique :Alex North
Montage :David Weisbart
Interprètes :Vivien Leigh, Marlon Brando, Kim Hunter, Karl Malden