Le Dernier des hommes (Der Letzte Mann) – Allemagne – 1924 – 1 h. 26 – NB – Muet
Un grand hôtel luxueux à Berlin. Constamment à proximité de la belle porte vitrée tournante, le vieux portier est très fier de son uniforme chamarré, de son statut dans l’hôtel, qui lui permet de côtoyer les plus riches personnes et les plus jolies femmes ; il est fier également de l’admiration et du respect qu’il suscite chez les gens de la classe pauvre dont il fait pourtant partie ; enfin, il est fier de sa magnifique barbe blanche à l’impériale. Demain, il marie sa fille. Mais, âgé, il se retrouve souvent épuisé et essoufflé à la fin de ses journées qu’il passe à porter de trop lourds bagages.
Avec La Rue (Grüne), ou La Rue sans joie (Pabst), pour ne citer que des films qui lui sont proches dans le temps, Le Dernier des hommes fait partie de ces films que la critique a rassemblés à juste titre sous le vocable de cinéma réaliste allemand, par opposition à l’expressionnisme. Cependant, comme cela est toujours le cas quand on aborde un cinéma plus ou moins codifié, que ce soit un genre ou le style d’une époque, c’est en poussant les limites des cadres imposés, voire en en les enfreignant les règles que les meilleurs films sont réussis. Par les mouvements d’une caméra rarement immobile mais jamais virevoltante, par les cadrages, les éclairages, Murnau révèle un décor envoutant, prégnant qui dépeint et engloutit tout à la fois les personnages.
Quelques neuf décennies plus tard, le protagoniste de Take Shelter, noyé dans ses obsessions et ses délires, sera lui aussi victime d’un décor qu’il croyait pourtant avoir construit pour sa protection.
Maurice Roméjon
Réalisation : | Friedrich Wilhelm Murnau |
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Scénario : | Carl Mayer |
Musique : | Giuseppe Becce |
Photographie : | Karl Freund |
Décors : | Walter Röhrig, Robert Herlth |
Production : | Erich Pommer (Ufa) |
Interprètes : | Emil Jannings, Maly Delschaft, Max Hiller, Emilie Kurz, Hans Unterkircher |