13/02/2025 – Une femme dans la tourmente

Une femme dans la tourmente – Midareru – Japon – 1964 – 1h38 – N&B  

A Shimizu, dans les années 60, les petits commerçants et leurs familles voient leur mode de vie, leur existence même, menacés par la modernisation qui prend pour eux la forme des supermarchés. Le magasin de spiritueux que tient Reiko, jeune veuve, est le moyen de subsistance de sa belle-mère et de son jeune beau-frère Kōji. Ceux-ci sont attachés à celle qui s’est dévouée pendant des années pour faire prospérer leur bien. Et c’est là que Kōji revient toujours après ses frasques de jeune rebelle incapable de trouver place dans cette société. Quand ses deux sœurs, mariées, veulent reprendre la main sur la boutique familiale pour en faire un supermarché, Kōji, sentant combien Reiko est menacée, lui avoue que son affection pour elle est un véritable amour. La jeune veuve, profondément choquée, n’est pourtant pas insensible au désir qui s’exprime.

Les événements qui nouent puis dénouent ce récit, s’organisent en trois temps créant autant d’espaces, enserrant peu à peu le nœud du drame. La rue, la petite société des clients du quartier et celle des profiteurs forment un premier cercle manifestant les tensions sociales entre la modernisation effrénée et les valeurs traditionnelles. Puis, agrandie par un scope en donnant toute la profondeur, la boutique devient le lieu où se transporte ce malaise, où pénètrent les belles-sœurs qui mettent les protagonistes au pied du mur. Dans cet espace aussi, l’aveu de l’amour fait de chaque hésitation, chaque pudeur, un véritable langage des corps. Enfin le cadre isole Reiko et Kōji, exacerbant, jusqu’à son dénouement, toutes les nuances d’une relation socialement inacceptable et pourtant désirée.

Marie-Laurence Marais 

Réalisation :Mikio Naruse
Scénario :Zenzō Matsuyama, Mikio Naruse
Photographie :Jun Yasumoto
Musique :Ichirō Saitō
Montage :Eiji Ōi
Décors :Satoru Chûko
Production :Sanezumi Fujimoto et Mikio Naruse, pour Tōhō
Interprètes :Hideko Takamine, Yūzō Kayama, Mitsuko Kusabue, Yumi Shirakawa, Aiko Mimasu