Série Noire – France – 1979 – 1 h. 50 – Couleurs
Frank Poupart est représentant de commerce pour le compte d’une affaire de vente par correspondance. Opérant en banlieue parisienne, il vend aussi bien des cadenas que des vêtements ou de l’électroménager. Il vit dans un sinistre pavillon en compagnie d’une épouse souillonne, Jeanne, qui l’abandonne pour réfléchir.
A la recherche d’un mauvais payeur il s’adresse à une vieille dame qui, en échange d’une robe de chambre molletonnée, lui offre en paiement une passe avec Mona, sa nièce âgée de dix sept ans. Conduit à quelques indélicatesses envers Staplin, son patron qu’il extorque, Poupart va se retrouver en prison.
Série Noire est adapté d’un polar de Jim Thompson (Des cliques et des cloaques) par Georges Perec, qui lui peaufine des dialogues délirants. Film couleur d’encre, en noir et blanc, sentant la sueur et la crapule, où un désespéré minable (le rôle le plus sidérant de Patrick Dewaere, lancé dans le film comme un fauve, bavard pathétique à petite caboche) s’invente un plan foireux susceptible de le transformer en caïd et d’extirper une ténébreuse lolita du pavillon des miséreux (une révélation nommée Marie Trintignant). La trajectoire obscure de ce prolétaire marqué par la malédiction des mal-partis, mise en question d’une société corrompue par l’argent, est mise en scène comme un spectacle lyrique. Corneau poétise à la Céline, mêle rire et cruauté, pantin sordide et tête à claques, romantisme frénétique et cauchemar spectral.
Jean-Luc Douin
Le Monde, mercredi 1er septembre 2010
Réalisation : | Alain Corneau |
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Photographie : | Pierre-William Glenn |
Scénario : | Georges Pérec, Alain Corneau |
Musique : | Duke Ellington, Juan Tizol |
Montage : | Thierry Derocles |
Interprètes : | Patrick Dewaere, Myriam Boyer, Marie Trintignant, Bernard Blier, Jeanne Herviale, Andreas Katsulas |