15/12/2005 – L’ange des maudits

L’ange des maudits (Rancho notorious) – USA – 1952 – 1 h. 25

Pour venger le viol et le meurtre de sa fiancée, un cow-boy, Vern Haskell, traverse les États-Unis à la recherche de son assassin. Par diverses informations, il apprend que celui-ci se trouve dans un ranch tenu par une aventurière, Altar Keane. Ce ranch appelé «Chuck-a-Luck» (Coup de Chance) accueille et héberge les bandits en fuite. Pour y parvenir, Vern se fait arrêter et mettre en prison. Il y devient l’ami de Frenchy Fairmont, tireur prestigieux et amant d’Altar. Lorsque tous deux sortent de prison, Frenchy emmène Vern au ranch. Ce dernier fait semblant de succomber au charme d’Altar pour obtenir le nom de l’assassin. Elle lui indique qui lui a offert une broche…

À l’instar d’autres films de Fritz Lang comme Furie (1936) ou Règlement de comptes (1953), L’Ange des maudits s’attache à la bifurcation d’une trajectoire : un homme promis au bonheur et à la tranquillité voit soudainement sa vie basculer et décide alors de la vouer à la “haine”, au “meurtre” et à la “vengeance” comme l’entonne avec insistance la ballade qui scande le parcours de Vern Haskell, le héros du film. Dans ces trois films américains de Lang, le garagiste Joe Wilson, le policier Dave Bannion et le cow-boy Vern Haskell partagent la même obsession, la même idée fixe. Confrontés à une violence à laquelle rien ne les avait préparés, ces trois fleurons de la normalité américaine vont choisir de sortir du rang et de mettre à mort ceux qui ont détruit leur vie. Après la tentative de lynchage dont Joe a failli être la victime, après la mort de Katie Bannion dans une explosion commanditée par la mafia, après celle de Beth Forbes, la fiancée de Vern, ces trois hommes ne sont plus que des morts-vivants dont le regard halluciné semble fixer, par-delà les apparences, le souvenir de ce moment traumatique où le rêve américain, pour eux, s’est mué en cauchemar. Or, à l’aune de ce souvenir dont la violence absolue invalide toutes les normes, morales et sociales, qui, jusqu’ici, s’imposaient à eux avec la force de l’évidence, la fin justifie désormais tous les moyens. (…)

Armelle Talbot

Réalisation :Fritz Lang
Scénario :Daniel Taradash, d’après l’oeuvre de Silvia Richards
Photographie :Hal Mohr
Production :Howard Welsch – Fidelity Pictures Corporation, U.S.A.
Interprètes :Marlene Dietrich, Altar Keane, Arthur Kennedy, Vern Haskell, Mel Ferrer, Fairmont, Gloria Henry, Beth Forbes