16/11/2006 – Embrasse-moi idiot

Embrasse-moi idiot – USA – 1964 – 2 h. 4 – NB

Climax, petite bourgade du Nevada. Le crooner sur le retour Dino tombe en panne d’essence alors qu’il se rendait de Las Vegas à Hollywood. Orville Spooner, professeur de piano, est aussi compositeur de chansons. Avec son ami et parolier, le pompiste Barney Millsap, il décide de retenir Dino afin de lui faire entendre ses chansons. La solution serait qu’Orville invite Dino à passer la nuit chez lui. Mais il y a Zelda, sa femme,qui a toujours eu le béguin pour Dino. La solution est toute trouvée : Orville fait une scène de ménage à Zelda dans le but de l’éloigner et fait venir à sa place Polly, l’entraîneuse du Belly Button Bar. Dino pourra ainsi séduire celle qu’il prendra pour la femme d’Orville sans nuire à son bonheur conjugal. Malheureusement pour lui, les choses ne se passeront pas du tout comme prévu.

‘Embrasse-moi’ idiot fait partie des plus mauvais souvenirs de Billy Wilder. Echec financier sévère, cette tragédie grinçante a également été la cible des ligues de vertu américaines, bien connues pour leur étroitesse d’esprit. Immoral, ‘Embrasse-moi idiot’ ? Bien sûr, le bled perdu où est située l’action s’appelle Climax (orgasme) ; certes, Climax est un nid d’entraîneuses pour routiers ; oui, on y pratique l’échangisme et on y trompe délibérément son mari. C’est l’envers du rêve américain que nous montre ce film. Pourtant tout finit par rentrer dans l’ordre et l’establishment néo-puritain, un instant secoué, se recale vite sur ses fondations, plus solides que jamais.
‘Embrasse-moi Idiot’ sortit à un moment où Billy Wilder était quelque peu désavoué. Voici pourtant ce qu’écrivit sensiblement à la même époque Jean-Luc Godard avec la plume alerte que chacun lui reconnaît : «  Billy Wilder a décidé de ne plus prendre le tragique à la blague mais bien au contraire le comique sérieux. C’était prendre une assurance sur la survie cinématographique et le succès ne s’est pas fait prier. Au fur et à mesure qu’il jetait aux orties les grands sujets humains, Billy devenait l’un des nouveaux grands d’Hollywood et se posait en digne héritier de Lubitsch car il avait retrouvé son âme de Kid.  »

Réalisation :Billy Wilder
Scénario :Billy Wilder, I.A.L. Diamond, d’après la pièce L’Ora della fantasia d’Anna Bonacci
Photographie :Joseph La Shelle
Musique :André Prévin
Montage :Daniel Mandell
Interprètes :Dean Martin, Kim Novak, Ray Walston, Felicia Farr, Cliff Osmond