18/01/2018 – Madame de…

Madame de… – France – 1953 – 1 h. 40 – NB

La coquette comtesse Louise de…, dans un pressant besoin d’argent, vend ses boucles d’oreilles, et affirme à son mari, qui les lui avait offertes, qu’elle les a perdues ; le mari, mis au courant de cette vente par le bijoutier, les rachète à celui-ci et les offre à sa maîtresse au moment où celle-ci part pour Constantinople où, perdues au jeu, elles sont récupérées par le baron Donati, diplomate, qui, de retour à Paris, les offre à Louise dont il est amoureux ; Louise prétend alors devant son mari les avoir retrouvées. Ce gage d’amours adultérines finira son périple là où vraiment il est le moins attendu.

Ce résumé, volontairement et outrageusement biaisé, montre à quel point, l’objet et le secret (pas si bien gardé que ça, ici) peuvent être perçus comme les deux faces antinomiques d’une même vie d’aristocrates désœuvrés. Les mensonges d’ailleurs ressemblent plus ici à des petites cachotteries qu’à de véritables arnaques. Personne n’est dupe, chacun fait simplement semblant de croire son interlocuteur, un peu comme s’il souhaitait le mettre plus à l’aise dans ses affabulations emberlificotées. Et la mise en scène, avec ses couloirs, ses escaliers, ses mouvements de caméra, ses ombres et ses lumières, ses trompe-l’œil, ses lignes de fuite peut alors apparaître, de la part d’Ophuls, comme une nouvelle tromperie qui sertirait ce que l’on est bien obligé de considérer comme un véritable petit bijou.

Maurice Roméjon

Réalisation :Max Ophuls
Scénario :Marcel Achard, M. Ophuls et A. Wademant d’ap. le roman de Louise de Vilmorin
Musique :Oscar Strauss, Georges van Parys et des airs de Meyerbeer (Les Huguenots)
Photographie :Christian Matras
Boris Lewyn
Production :Henri Baum
Interprètes :Danielle Darrieux, Charles Boyer, Vittorio de Sica, Jean Debucourt