Le ciel peut attendre – USA – 2 h. 13
Henry Van Cleve vient de passer de vie à trépas. Première étape, l’explication et la justification de sa turbulente existence. Malgré une épouse délicieuse, il ne put pourtant jamais résister à aucune jolie femme.
On connaît la grâce légère du réalisateur, qui, une fois encore, en use dans ce film inattendu, ironique et d’une tendresse narquoise. Que devient un homme frivole, coureur et don Juan avant tout, au jour du jugement dernier ? Don Ameche, lucide et tranquille, s’apprête aux flammes de l’enfer. Pour lui, la vie fut légère et inconvenante. C’est sans compter avec le réalisateur qui, avec délicatesse et humour, fait un savoureux pied de nez à la morale. Comment vouer à la géhenne celui qui fut tant aimé et qui aima tant ? Les témoins de sa vie déposeront tour à tour en sa faveur. Qu’a-t-il fait d’autre que de semer autour de lui du bonheur et des rires ? De faire de sa délicieuse épouse (toujours irrésistible Gene Tierney) une femme heureuse, l’emportant d’un coup de valse, la sauvant ainsi d’une terne vie en une scène magique. Le devoir, certes, est méritant, mais qu’il est donc ennuyeux. Apologie de la frivolité – et de l’amour – (seule compte vraiment Gene Tierney l’éternelle), ce film est d’une élégance baroque, d’une constante folie. L’enfer pour notre héros ? Jamais. Lucifer lui-même, émerveillé, le renvoie au bonheur. Qui est aussi le nôtre, grâce au savoir-faire virtuose de Lubitsch, à la beauté éclatante de Gene Tierney et à la faconde de son séducteur de mari, Don Ameche.
Réalisation : | Ernst Lubitsch |
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Scénario : | Samson Raphaelson, d’après la pièce de Birthday |
Musique : | Alfred Newman |
Interprètes : | Gene Tierney, Don Ameche, Charles Coburn, Louis Calhern, Marjorie Main, Laird Cregar |