26/01/2006 – Viridiana

Viridiana – Mexique – 1961 – 1 h. 30

Retraçons brièvement l’itinéraire de Viridiana, jeune femme à la vocation religieuse qui rend visite à son oncle avant de prononcer ses voeux définitifs. Ce dernier retrouve en elle sa femme défunte. Dans le but de l’épouser, il la drogue, l’amène avec lui dans son lit et prétendra l’avoir violée, ce qu’il a dans les faits renoncé à faire. Elle fuit, il se pend. Elle revient et renonce au cloître pour se consacrer aux pauvres, qu’elle héberge sur la propriété dont elle est cohéritière avec son cousin. Celui-ci y revient avec sa maîtresse et ne partage pas les idées missionnaires de Viridiana quant à la mise en valeur des lieux. Un soir que les mendiants sont seuls, une grande fête éclate dans la maison des bourgeois. Tout le monde se sert, la grande bouffe, le vin, la vaisselle cassée, les ébats derrière le sofa et le lépreux en robe de mariée. Les propriétaires reviennent, le cousin est assommé et Viridiana échappe encore au viol de justesse. Fin déroutante, Viridiana accepte le ménage à trois avec le cousin qui avait déjà séduit la servante.

Palme ex æquo en 1961, le film, comme quelques autres du même auteur, fut interdit dans l’Espagne natale de Luis Buñuel, lieu du tournage. Grand cinéaste de la subversion, Buñuel y accumulait toutes les qualités perverses qui pouvaient lui valoir l’accusation de blasphème de la part des âmes bienpensantes de l’époque. On y retrouve Buñuel avec toutes ses obsessions, sa symbolique du monde animal, sa révolte sociale et sa destruction de l’iconographie religieuse (couronne d’épines lancée au feu). Un sarcasme dérangeant plonge le sexe et les principes moraux dans tous les paradoxes. La laideur du tableau est d’autant plus renversante qu’elle n’a d’égal que la justesse d’une vision. Une vision que Buñuel nous montre, nous laissant toutefois désarmés quant aux possibilités de conclure, d’aimer ou de haïr. La subversion fonctionne, le spectateur retourne chez lui avec un malaise.

Réalisation :Luis Buñuel
Scénario :Luis Buñuel et Julio Alejandro
Interprètes :Silvia Pinal, Fernando Rey, Francisco Rabal