Tous les autres s’appellent Ali — Angst essen seele auf — RFA — 1974 — 1h33 — Couleurs
Emmi, une veuve d’une soixantaine d’années, rencontre par hasard Ali, un travailleur maghrébin émigré à Munich, beaucoup plus jeune qu’elle. Emmi l’héberge, mais leur relation fait l’objet d’une violente réprobation de la part de ses voisines, de ses commerçants et surtout, de ses enfants lorsqu’elle annonce leur mariage.
Leur union souffre de cette épreuve et de celles que traverse tout couple, mais Emmi se bat pour qu’elle dure.
Fassbinder découvre les mélodrames de Douglas Sirk lors d’une rétrospective à Munich en 1971. En 1974, il réalise le remake de Tout ce que le ciel permet. Le film ayant obtenu le prix du Jury Œcuménique au festival de Cannes – son premier prix hors d’Allemagne – il réhabilite en quelque sorte, en Europe, le genre du mélodrame.
Remake ou variation ?
La beauté flamboyante de la nature dans le film de Sirk, fait place à un enfermement dans un monde urbain sinistre. Chez Fassbinder, c’est la pluie qui fait se rencontrer Emmi et Ali dans un café glauque. Le personnage masculin, équilibré et assuré dans le film original, fait place à un personnage féminin fort face à son désir.
Fassbinder refuse toute identification aux spectateurs et aux spectatrices. L’entourage d’Emmi ou d’Ali ne peut faire rêver, leurs comportements respectifs non plus : le mariage, souhaité par convention par la femme, infantilise l’homme. Le mélodrame, chez Fassbinder, devient sans équivoque un constat pessimiste de la société.
Francine Ananian
Réalisation : | Rainer Werner Fassbinder |
---|---|
Scénario : | Rainer Werner Fassbinder |
Photographie : | Jürgen Jürges |
Musique : | Rainer Werner Fassbinder, Peer Raben |
Montage : | Thea Eymèsz (non créditée) |
Production : | Tango-Film Produktion Nummer Fünf |
Interprètes : | Brigitte Mira, El Hedi ben Salem, Barbara Valentin, Irm Hermann, Karl Scheydt, Rainer Werner Fassbinder… |