La Reine Christine (Queen Christina) – USA – 1933 – 1 h. 38 – NB
Christine, encore gamine, hérite du trône de Suède à la mort de son père. Élevée à la dure, véritable garçon manqué, souvent habillée en homme, elle va, le jour, diriger le pays et, la nuit, lire les grands ouvrages européens. Elle rencontre toutefois l’amour, lequel va se révéler irréalisable. Son amant mort, elle abdique et s’en va sur les flots vers l’Europe du Sud.
Difficile de concevoir film plus radicalement dédié à la fabrication et au peaufinage artificiels d’un mythe, celui de Garbo, la Divine. Toutes les scènes, tous les cadrages, tous les éclairages ne sont là que pour elle, que pour construire et magnifier le mythe. Venus du froid, comme l’espion, ce visage, ces yeux, ces attitudes (horizontales, verticales ou assises) seront pérennisés par la suite. Garbo, à la différence de Marlene, de Lizz ou de Marilyn, n’est pas une star mais un mythe. On dit d’ailleurs « Garbo » et jamais « Greta ». Pas de familiarité avec le divin. La star, elle, se laisse approcher ; le spectateur, par la magie du fameux phénomène projection/identification, peut se retrouver aux côtés de la star. Le mythe, lui, reste inapprochable, inaccessible, lointain. Dans le film, le personnage sera pourtant approché par l’amour. Mais il aura fallu pas moins des deux sexes (à l’époque, on n’en avait pas identifié davantage) pour séduire cet Espagnol. Trop approché du mythe, celui-ci en mourra. Et la Divine, métamorphosée en figure de proue, parcourra les océans où seuls, l’effleureront à peine, elle, l’inatteignable, les embruns.
Maurice Roméjon
Réalisation : | Rouben Mamoulian |
---|---|
Scénario : | H.M. Harwood et Salka Viertel |
Photographie : | William Daniels |
Musique : | Herbert Stothart |
Montage : | Blanche Sewell |
Décors : | Edwin B. Willis |
Production : | Metro-Goldwyn-Mayer, Rouben Mamoulian Production |
Interprètes : | Greta Garbo, John Gilbert, Ian Keith, Lewis Stone, Elizabeth Young, C. Aubrey Smith, Reginald Owen, Georges Renavent, David Torrence, Gustav von Seyffertitz, Ferdinand Munier, Akim Tamiroff |