il était quelques fois…
Le conte désigne d’abord une certaine catégorie de récits littéraires, mais il est aussi étroitement associé à une tradition orale et populaire : de là viennent les motifs récurrents qui traversent les écrits à prétentions folkloriques comme ceux des frères Grimm (l’abandon des enfants, la marâtre, l’ogre, les belles endormies et autres objets magiques), des modèles connus toujours repris et réinventés sur le mode de la variation. C’est toujours un récit à visée morale ou initiatique qui joue sur le registre du symbolique plutôt que du réalisme, qui fait souvent appel au merveilleux, sans pour autant s’y réduire. Le merveilleux tourne aisément au cauchemar tragique ou grotesque, et le récit gothique ou le conte cruel traitent des angoisses liées à la mort, au mal, à la folie.
Récit toujours recommencé, le conte, tant dans sa forme orale que littéraire, est une forme narrative réflexive qui revendique son caractère fictif par des formules comme : « Il était une fois » ou par des procédés explicites de mise en abîme comme dans Les contes de Canterbury, Le Décaméron ou Les Mille et une nuits où chaque conte est intégré dans un grand récit-cadre où les personnages racontent et écoutent les histoires.
Le cinéma s’est emparé du conte, comme il s’est emparé du mélodrame théâtral et romanesque du XIXe siècle : c’est une forme populaire et hautement codifiée qui lui donne une structure narrative forte pour raconter à son tour des histoires. Le cinéma y trouve la possibilité d’explorer ses possibilités plastiques, puisqu’il invite, plus que d’autres genres, à l’invention et au délire visionnaire à travers des décors et effets spéciaux spectaculaires ou poétiques.
Au-delà du divertissement dépaysant, le conte est aussi un moyen pour cet art de la modernité de s’enraciner dans un héritage culturel souvent considéré comme archaïque. C’est une manière de se poser la question des origines : en perpétuant avec d’autres moyens la tradition des conteurs et en reprenant, parfois de manière détournée, les récits emblématiques qui constituent notre imaginaire collectif. Le conte parce qu’il se prête à la mise en abîme permet également au cinéma de réfléchir sur le rôle que jouent ces histoires, sur ce besoin de fiction qui nous pousse toujours à raconter.
Hadrien Fontanaud
Film | Réalisateur |
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La vie est belle | Frank Capra |
Mr. Arkadin | Orson Welles |
Boulevard du crépuscule | Billy Wilder |
Blanche-Neige et les sept nains | Walt Disney |
Blancanieves | Pablo Berger |
Sourires d’une nuit d’été | Ingmar Bergman |
Les contes de la lune vague après la pluie | Kenji Mizoguchi |
Pour une poignée de dollars | Sergio Leone |
Rebecca | Alfred Hitchcock |
Où est la maison de mon ami ? | Abbas Kiarostami |
La vie criminelle d’Archibald de la Cruz | Luis Buñuel |
La huitième femme de Barbe-Bleue | Ernst Lubitsch |
L’homme au complet blanc | Alexander Mackendrick |
Anna et les loups | Carlos Saura |
Edward aux mains d’argent | Tim Burton |