Noir C’est Noir…
Cette saison est dédiée à Alain CORNEAU, récemment disparu, spécialiste du FILM NOIR qu’il illustra brillamment dans Série Noire.
C’est en voyant Shutter Island, le dernier Scorsese, que nous est venue l’idée de ce programme. A l’évidence les réactions à ce film prouvaient que les éléments d’analyse concernant le FILM NOIR avaient été oubliés et qu’un rappel s’appuyant sur des chefs-d’œuvre du genre s’avérait nécessaire. Rappelons donc que le FILM NOIR n’est ni un film policier (même s’il recourt à son ambiance), ni un thriller. Il est apparu à la fin de la Seconde guerre mondiale (dernière moitié des années 1940) comme une remise à jour des valeurs défendues jusque là par le héros dans les films américains. Il s’agit essentiellement d’une perte d’innocence par rapport au bien et au mal, mais aussi par rapport au triomphe de la justice et enfin de la bonté intrinsèque de la nature humaine. Tout ce dont les combattants de la guerre en Europe ou dans le Pacifique, avaient été acteurs ou témoins, entraînant une réflexion sur les fondements de la société des vainqueurs mais surtout sur les personnages eux-mêmes. Le FILM NOIR est donc un film d’introspection, de culpabilité et souvent de châtiment. Évidemment pour des raisons de culture dominante ce modèle s’est ensuite rapidement diffusé d’Hollywood vers l’Europe. Cela ne fut pas sans réactions aux États-Unis où le FILM NOIR fut l’un des déclencheurs des procès de la fameuse commission des activités anti-américaines.
Mais cela n’empêcha pas l’installation d’un véritable genre magnifiquement stylisé par un Noir et Blanc et des éclairages souvent inspirés de l’expressionnisme. L’élément moteur est la trajectoire du personnage principal qui, tout en sachant qu’il va à sa perte, continue à s’enfoncer dans son cauchemar irrémédiablement.
A la fin du Faucon Maltais, les personnages découvrent que l’objet de leurs désirs est un faux. John HUSTON fait dire à ses personnages : « De quoi est-il fait ? – De ce dont sont faits les rêves ! » C’est une bonne définition du FILM NOIR.
En complément, le Festival du Cinéma Méditerranéen propose quatre grands films à revoir, dont Ossessione de Visconti et Il était un fois la révolution de Leone en version complète.
Henri Talvat
| Film | Réalisateur |
|---|---|
| En quatrième vitesse | Robert Aldrich |
| Le Criminel | Orson Welles |
| Ossessione | Luchino Visconti |
| Les amants de la nuit | Nicholas Ray |
| Le Faucon Maltais | John Huston |
| Il était une fois la révolution | Sergio Leone |
| Péché Mortel | John M. Stahl |
| House by the river | Fritz Lang |
| Lady Jane | Robert Guédiguian |
| Chien enragé | Akira Kurosawa |
| High Sierra | Raoul Walsh |
| La fille qui en savait trop | Mario Bava |
| Le doulos | Jean-Pierre Melville |
| La griffe du passé | Jacques Tourneur |
| Série noire | Alain Corneau |