Rupture(s)
Cette nouvelle saison affirme notre goût pour le cinéma et son histoire jalonnée de réalisateurs aux œuvres fortes. Chacun des dix-huit films de ce programme présente une rupture avec ce qui le précédait, remet en cause notre vision de la société, ou annonce les bouleversements à venir.
Première grande rupture : l’utilisation du son et du parlant.
Ainsi dès 1931, Fritz Lang, dépeint avec M le Maudit, son premier film parlant, une Allemagne en perte de repères et nous alerte sur les troubles qui vont suivre.
Une large part de ce programme est liée aux années soixante et soixante-dix. Un nouveau cinéma voit le jour en différents points du globe révélant une jeunesse en ébullition. C’est aussi l’apparition des caméras légères et du son synchrone qui permettent d’être présent en n’importe quel lieu, en particulier loin des studios.
À l’Est, L’As de pique, de Miloš Forman, est emblématique de cette révolution tchèque, portée par l’école de cinéma de Prague, la FAMU. Dans Les Sans-espoirs, Miklós Jancsó, à l’aide de longs travellings en cinémascope, observe son pays sous l’Empire austro-hongrois pour comprendre la Hongrie de 1966. Dans cette même période, l’Italie est également bien représentée avec Fellini et La dolce vita ainsi que par Elio Petri qui avec Enquête sur un citoyen au dessus de tout soupçon, montre dès 1970, ce qui sera appelé plus tard la stratégie de la tension, dans un film emporté par l’interprétation géniale de Gian Maria Volontè et l’incroyable musique d’Ennio Morricone. Et s’il faut regarder la société américaine des années soixante-dix, l’uchronie, proposée par Peter Watkins, Punishment Park, est incontournable.
L’Amérique qui s’interroge n’est pas oubliée. En effet, en 1950, Delmer Daves propose enfin un film pro-indien : La Flèche brisée avec une grande star hollywoodienne, James Stewart. Avec la fin du code Hays l’année précédente, Arthur Penn peut réaliser en 1967 un film qui reprend précisément tous les canons condamnés jusqu’alors, et ouvrir les portes d’un nouvel Hollywood, avec une histoire typique des années trente : Bonnie and Clyde.
Les Français ne sont pas en reste. Qui mieux que Resnais peut nous parler de la bombe atomique ou que Chris Marker évoquer une troisième guerre mondiale dans La Jetée, un photo-roman.
Il n’est pas possible ici d’évoquer l’ensemble de cette programmation Rupture(s), mais attendez-vous à être impressionné à chaque séance.
Jean Aubert
Film | Réalisateur |
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Bonnie and Clyde | Arthur Penn |
M le maudit | Fritz Lang |
Répulsion | Roman Polanski |
Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon | Elio Petri |
Hiroshima mon amour | Alain Resnais |
Punishment Park | Peter Watkins |
La Flèche brisée | Delmer Daves |
La dolce vita | Federico Fellini |
La Jetée / Les Statues meurent aussi / Toute la mémoire du monde | Chris Marker, Alain Resnais |
L’As de pique | Miloš Forman |
Freaks | Tod Browning |
Salvatore Giuliano | Francesco Rosi |
Persona | Ingmar Bergman |
Psychose | Alfred Hitchcock |
Les Sans-espoirs | Miklós Jancsó |
Un jour à New York | Stanley Donen et Gene Kelly |
Attack ! | Robert Aldrich |
Gare centrale | Youssef Chahine |