Saison 2009-2010

Le point de vue

Quel est votre point de vue ? Voilà une question à double sens qui recouvre à la fois une interrogation sur votre opinion et sur l’endroit où est placé votre regard. Au cinéma cette dualité est constitutive de la mise en scène puisqu’il s’agit de « donner son point de vue » c’est-à-dire manifester son opinion sur un sujet déterminé en combinant différentes localisations du regard. Celui-ci est orienté par le cadrage et l’échelle des plans, par le rapport entre ce qui apparaît à l’écran et ce que les personnages du récit sont censés voir. Le visuel peut donc correspondre à leur regard ou tout simplement à celui de la caméra, comme instance anonyme.

La panoplie complète de ces éléments fut déclinée par Orson Welles dans le manifeste du cinéma moderne qu’est Citizen Kane en 1941, mais elle fut aussi développée par Hitchcock (Fenêtre sur cour), Bergman (Les fraises sauvages), Ford (L’homme qui tua Liberty Valance), Ophuls (Lola Montès), Mankiewicz (La comtesse aux pieds nus), Resnais (Mon oncle d’Amérique), Powell (Une question de vie et de mort), Fuller (Shock corridor), Risi (Le fanfaron et Parfum de femme)… Dans les films de cette saison le point de vue est une donnée essentielle des stratégies narratives mises en place par le metteur en scène pour impliquer le spectateur car le choix du type de vision détermine sa position par rapport au récit, aux personnages et au narrateur. Une manière de l’inciter (non sans une certaine provocation) à se sentir, non pas acteur passif,mais co-auteur du film qu’il regarde.

Henri Talvat

FilmRéalisateur
Le FanfaronDino Risi
Fenêtre sur courAlfred Hitchcock
Parfum de FemmeDino Risi
Les fraises sauvagesIngmar Bergman
L’homme qui tua Liberty ValanceJohn Ford
L’AvventuraMichelangelo Antonioni
Citizen KaneOrson Welles
La Comtesse aux pieds nusJ. L. Mankiewicz
Mon Oncle d’AmériqueAlain Resnais
Lola MontèsMax Ophuls
IntervistaFederico Fellini
Douze hommes en colèreSidney Lumet
Le MiroirAndreï Tarkovski
Arizona DreamEmir Kusturica
Une question de vie ou de mortMichael Powell
Shock CorridorSamuel Fuller